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À PROPOS DE CANTATE / 2 (2024)

ARTICLE DE PHILIPPE VERRIÈLE PARU EN MARS 2024 SUR LE SITE DANSER CANAL HISTORIQUE

Séquence Danse au Centquatre : les coups de cœur de Transfuge

Singulière démarche, truffée de références et d’une jubilatoire finesse, que ce qui dépasse largement une simple mise en danse de Bach. Avec quelque chose d’une profondeur très Post-modern !

A voir marcher d’un pas régulier, immuable, visage impassible, obstinément en rond, autour d’une rosace dessinée au sol, les deux interprètes, Thomas Regnier – impeccable – et le chorégraphe lui-même de ce CANTATE / 2, quelque chose plane d’Andy De Groat (la partie centrale de Swan Lake, 1982), si ce n’est qu’il s’agissait d’un trio et qu’au fracas du chorégraphe américain le jeune français a préféré le silence. C’est aussi agaçant dans le second cas que dans le premier, et le but est atteint pareillement dans le déceptif. Les spectateurs de De Groat attendaient Tchaïkovsky et affrontaient Talking Head, ceux de Barreau attendent Bach et n’entendent rien… La pièce commence ainsi, et comme ça dure, ça crispe… Mais le projet tient dans cette crispation qui se lève, comme une soudaine libération, dès que la musique du Cantor de Leipzig (Bach a quand même occupé le poste 27 ans, vu sa productivité, c’est une donnée) commence.

Car le projet de Louis Barreau tient dans ces deux éléments, une phénoménologie de l’écoute (une manière de répondre à un “qu’est-ce que je vois dans ce que j’écoute ?”) et la confrontation avec un corpus qui provoque le vertige et partant, déstabilise.

CANTATE / 2 relève d’un projet à la Perec (La Tentative d’épuisement d’un lieu Parisien publié en 1975 tente de “tout” dire par l’écriture de la Place Saint-Sulpice). Louis Barreau, lui, a choisi Bach. Il explique : “Mon intention est bel et bien de poursuivre la construction de cette série chorégraphique « jusqu’à la fin de ma carrière », c’est-à-dire, en d’autres termes, jusqu’à ce que j’arrête de faire ce métier — si tant est que cela arrive un jour —, ou, plus mélodramatiquement, jusqu’à ce que « mort s’en suive » ! L’idée est de concevoir une nouvelle cantate tous les trois à quatre ans environ, plus ou moins en fonction de l’activité et des autres créations en parallèle. CANTATE / 3 ne sera pas la prochaine création, il y en aura une autre avant, en-dehors de la série, puis on fera probablement ce troisième épisode…” Projet fou, (il y a plus 224 cantates conservées, plus une soixantaines de cantates profanes !) mais bien dans l’esprit “post-modern” d’une œuvre concept où la démarche a autant de valeur que l’œuvre présentée. Le spectateur face à CANTATE / 2 y voit la façon dont le chorégraphe induit l’écoute, mais s’il connaît le projet, cherche comment, sur la durée, la composition pourra se renouveler sans se redire (un côté “c’est fait !”).

Quand la marche amène soudain Louis Barreau au centre de la rosace, la danse s’impose. Elle va suivre les parties de la cantate et épouser son alacrité. Composée pour le premier dimanche de l’Avent, la partition offre un chœur d’une exaltation certaine que la danse traite avec un humour distancié très fin et pince sans rire. La chorégraphie joue aussi des reprises et redites que Bach utilise avec génie (un genre de cut off — le système de collage de l’écrivain William S. Burroughs — imposé par le rythme des commandes de l’office luthérien à Leipzig !). Les patterns gestuels, structurés entre eux reviennent, se combinent avec une fluidité qui vaut référence à Lucinda Childs. Mais, au détour fugace d’un relevé sur demi-pointe coupé derrière, d’une quatrième préparation d’un demi-tour en arabesque, d’une cinquième entre-aperçue, Louis Barreau joue aussi avec la taxonomie académique, fouillant dans la relation à cette partition au cœur du corpus de la musique “baroque” quelque chose de notre “classique”… Très post-modern décidément d’autant que cette forme “sous contrainte” s’en joue avec distance, en particulier dans les arias du ténor, incarnées par chaque danseur, qui, de coups de tête appuyés en lancés de bras, personnifient la composition chorégraphique qui sans être contrapuntique comme celle de Bach, suit néanmoins des règles strictes d’entremêlement des voies (voix) du mouvement. 

Cela pourrait tomber dans une certaine affectation si le choix de l’enregistrement ne conduisait à “entendre” la danse différemment. Louis Barreau, pour être le fils caché d’Andy De Groat et de Lucinda Childs, ne cache pas sa dette artistique à la Jeune Danse des 90’… Avec une jolie auto-dérision, il avoue volontiers être né beaucoup trop tard et être un vrai chorégraphe des années 1980. Ici, le travail sur l’écoute à travers la danse rappelle celui qu’Odile Duboc avait mené dans Trois Boléros (1996), le choix de l’enregistrement étant un composant essentiel de l’expérience de vision… Ici, la très singulière conception de Christoph Spering avec le Chorus Musicus Köln et Das Neue Orchester, enregistré en 2016 donne une profondeur étonnante, jouant de réverbérations quasi spectrales presque inquiétantes. Et quand vers la fin, après le dernier récitatif, les deux danseurs passent au sol, avec une justesse dramaturgique confondante, la lumière bascule pour “ouvrir” deux espaces en fond de scène (évidemment, c’est une mise en lumière de l’imparable Françoise Michel) et un doute sur cette joie légère ressentie au début s’instille. La distance post-modern cache toujours quelque chose de l’angoisse du gouffre…

En espérant que Louis Barreau puisse cependant proposer, un jour, CANTATE / 30… Ambitieux, non ?”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE THOMAS HAHN PARU LE 20/03/24 SUR LE SITE TRANSFUGE

Séquence Danse au Centquatre : les coups de cœur de Transfuge

“Le Centquatre-Paris cache bien des choses, tout en offrant un espace d’entraînement en public aux jeunes accros de danses urbaines. Tant d’énergie joyeuse, dans un lieu où jadis on fabriquait les cercueils… Et à l’intérieur des bâtiments, à l’étage (le Centquatre est ici en partenariat avec Danse à tous les étages), on passe devant les ateliers d’artistes pour se retrouver dans la petite salle, où Louis Barreau a dessiné au sol une rosace qu’il complète sous nos yeux, avec son partenaire de scène, Thomas Regnier. À partir de la symétrie de la rosace, tout est parfait dans ce CANTATE / 2, de la cantate de Bach et de son dialogue avec la musique électronique de Sarah Davachi à l’harmonie des gestes. On pense, inévitablement, à Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker. Et le duo Barreau/Regnier paraît alors particulièrement dévoué à la structure, les bras rappelant parfois le grand compas du début avec lequel les deux entouraient le feuillage symbolique et géométrique de la rosace. Dans les gestes des deux et la relation entre eux, on décèle parfois une pointe d’ironie ou s’amorce une facétie, remettant en cause l’ordre céleste de Bach. Mais on est loin de faire trembler l’édifice baroque.”


À PROPOS DU SACRE DU PRINTEMPS (2021)

• ARTICLE DE NATHALIE YOKEL PARU LE 23/04/2022 DANS LE JOURNAL LA TERRASSE (N°299)

Théâtre de Châtillon / Chorégraphie Louis Barreau

“Louis Barreau a fait « son Sacre » quand les théâtres étaient fermés. Il est urgent de le (re)découvrir, dans une démarche toujours tournée vers la musique.

Il est toujours passionnant de voir comment les chorégraphes s’emparent du chef-d’œuvre de Stravinsky, la plus puissante composition musicale du début du XXè siècle, et de sa déflagration chorégraphique signée Nijinski. Louis Barreau a, dès le début de son parcours, affirmé la proximité de sa démarche avec la dimension musicale, commençant par la boucle du Boléro de Ravel. C’est aussi dans l’abstraction qu’il compose sa danse, par l’intermédiaire de cinq interprètes qu’il immerge dans la partition du Sacre. L’espace et la rythmique viennent se croiser dans des entrelacs de relations que la marche vient inexorablement réinterroger. Le cycle de la danse rejoint en filigrane le cycle des saisons voulu par le livret d’origine, et laisse la chorégraphie tout à son analyse partitionnelle, stricte et complexe.”

• ARTICLE DE PATRICK THIBAULT PARU EN FÉVRIER 2022 DANS LE MAGAZINE WIK NANTES SAINT-NAZAIRE

MUSIQUE et danse !

“Nouvel artiste associé du Théâtre, Louis Barreau est un jeune chorégraphe brillant. Sa force, c’est de réussir à faire dialoguer danse et musique. Il dit : “je cherche à donner à voir la musique dans l’espace-temps, par l’intermédiaire du corps en mouvement” et il y parvient. Après avoir travaillé autour du Boléro de Ravel et sur les Cantates de Bach, il s’est attaqué au Sacre du Printemps. L’intense musique de Stravinsky résonne en chacun de nous et c’est Nijinsky qui en a signé la première chorégraphie. Un défi qu’il relève magistralement. Portés par la musique et une chorégraphie inspirée, les cinq danseurs sont tous présents du début à la fin. On salue, la technique, la précision et l’émotion qui s’en dégagent. Louis Barreau tire les fils musicaux, gestuels, relationnels… C’est magnifique et profond, on en ressort gonflé d’énergie.”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE PHILIPPE VERRIÈLE PARU EN FÉVRIER 2021 SUR LE SITE DANSERCANALHISTORIQUE

« Le Sacre du Printemps » de Louis Barreau

“Pour bien connaître, je crois, Le Sacre du printemps comme forme chorégraphique pour en avoir vu -littéralement- des dizaines de versions (Louis Cyr, le fameux musicologue canadien, venu voir l’exposition que j’avais organisée pour les Hivernales m’avait alors confié qu’il en existait, déjà, près de 400) je n’ai pas encore résolu un mystère. Or, voir le Sacre de Louis Barreau, au Quatrain de Haute-Goulaine dans le cadre des rencontres pro qui suppléent l’annulation du festival Trajectoires, donne un début de réponse. 

[…]

Ce jeune chorégraphe, qui en est à sa sixième création, toutes profondément ancrées dans un rapport analytique à la musique, proposait un Sacre. C’est normal. Le Sacre du printemps est une affaire de jeunes (Nijinski avait 24 ans, Maurice Béjart, 32, Pina Bausch 35 quand ils ont chorégraphié le leur). Martha Graham est quasiment la seule qui conclut pratiquement sa carrière par un Sacre composé à l’âge de 90 ans.

Donc Louis Barreau a l’âge du Sacre et le sien appartient à la catégorie des analytiques gonflés ! Comme celui de Daniel Léveillé (1982) pour lequel quatre danseurs à « oilpé » sautent comme des damnés dans une agitation frénétique inspirée au chorégraphe canadien par celle des grands magasins la veille de Noël… 

Donc chez Louis Barreau, aucune scénographie sinon une trace de maquillage étrange et bleue sur chacun des cinq interprètes affutés comme des rasoirs, en tenues de ville. Ils entrent résolus ; se campent le long de la rampe, face au public qu’ils toisent, plus comme on juge d’un obstacle que par défi. Toujours en silence, ils engagent le mouvement. Et la musique s’élève qu’ils s’attachent scrupuleusement à suivre, marquant de légers changements d’orientation les multiples imbrications des thèmes, rendant visible les multiples couches de la partition qui s’entremêlent. Ils enchaînent les figures avec une fluidité qui parait n’obéir qu’aux seules inflexions de la musique. Le chorégraphe explique : « Pour chaque partie, j’ai pris le temps d’établir des « structures de composition », plus ou moins « vierges », faites d’éléments par exemple spatiaux, relationnels ou temporels », précisant « En fonction des parties, ces “structures de composition“ étaient plus ou moins précises, plus ou moins réglées, parfois extrêmement détaillées, parfois vagues. Elles constituaient le squelette, la grille de base à partir de laquelle nous commencions la composition […] au plateau. » Et ce travail ne s’entoure d’aucun artifice, d’aucun prétexte ou faux-semblant dramaturgique, donnant à voir le fonctionnement de la musique depuis l’intérieur du corps des danseurs et sans encombrer d’un quelconque « drama » extérieur à la dynamique de la partition propre. Avec ce paradoxe que ce n’est pas la partition que fait voir la chorégraphie, mais l’interprétation -ici celle très engagée et lyrique de Valery Gergiev- au point que les silences que marque le chef sont scrupuleusement composés par le chorégraphe.

Dans le fond, Louis Barreau me semble traiter le Sacre comme Odile Duboc avait traité le Boléro (Trois Boléros ; 1996), dans un genre de phénoménologie de l’écoute. Le chorégraphe le reconnaît : “nous travaillons énormément avec les danseurs le lien entre la structure musicale mathématique avec laquelle ils sont plus ou moins reliés et ce qu’ils entendent, ce qu’ils écoutent, avec leurs oreilles et leurs corps, dans cette structure. […] Ainsi, je leur demande toujours d’être avec la musique, ou en face de la musique, jamais sur ou sous elle.”


À PROPOS DE CANTATE / 1 (2020)

• ARTICLE DE VÉRONIQUE BOUDIER PARU LE 18/04/21 SUR LE SITE ÔLYRIX

Cantate lyrique et chorégraphique à Rennes

“À l’initiative de l’Opéra de Rennes, Le Triangle (Cité de la danse) accueille une résidence de recherche artistique à objectif pédagogique, réunissant le chorégraphe Louis Barreau, la danseuse Marion David, le chanteur et chef d’orchestre Damien Guillon ainsi que des musiciens du Banquet Céleste et des étudiants de la classe de chant lyrique du Pont Supérieur :

Après une collaboration avec le danseur Aurélien Oudot pour Dreams en novembre dernier, le chanteur et chef d’orchestre Damien Guillon renouvelle l’expérience d’une rencontre vivante entre la musique et la danse, cette fois-ci avec le chorégraphe Louis Barreau. Cette rencontre, sous forme de résidence de recherche a été impulsée par le directeur de l’Opéra de Rennes, Matthieu Rietzler, et permet ainsi aux artistes, durant cette période de crise sanitaire, de se rencontrer, de travailler, de s’enrichir par le partage de compétences et de transmettre également leur savoir.

Louis Barreau, jeune chorégraphe nantais, s’intéresse à la musique de Jean-Sébastien Bach et plus particulièrement aux cantates. Sa pièce CANTATES / 1 (créé le 18 janvier 2020 au musée de Nantes) est le premier volet d’une série chorégraphique sur les cantates de Bach qu’il s’engage à développer jusqu’à la fin de sa carrière. Le questionnement de cet artiste à forte sensibilité musicale consiste à déployer ces cantates, de leur présence sonore vers le corps dansant, devenant un passeur entre musique et spectateur. Il a donc trouvé son partenaire pour une démarche au plus proche de l’esthétique de Bach en Damien Guillon et son Ensemble Le Banquet Céleste (qui interprétaient récemment les Oratorios de Pâques et de l’Ascension en l’église Saint-germain de Rennes).

Pendant quatre jours s’est donc tenu au Triangle (Cité de la danse à Rennes) un travail de recherche et de partage afin de proposer une correspondance musicale et chorégraphique sur la Cantate BWV 61 « Nun komm, der Heiden Heiland » (Viens maintenant, Sauveur des païens). Écrite en 1714 à Weimar, cette cantate s’ouvre par une ouverture/choral à l’écriture dite « à la française » (lent, rapide, lent) dont le rythme se révèle propice à la chorégraphie. La danseuse Marion David, seule, engage le mouvement en silence, s’attache à suivre la musique qui s’élève par une danse épurée et mesurée, marquant par des changements d’orientation les lignes structurantes de la musique.

Peu à peu, le corps établit un lien avec les musiciens du Banquet Céleste, le chef et les chanteurs, pour tous rentrer à l’unisson dans la temporalité incarnée de l’instant présent. Les instrumentistes sont toujours autant à l’aise dans ce répertoire par leur écoute du soliste lors des dialogues chant/instrument (comme par exemple le violoncelle avec la voix de soprano). Mais ici, ils sont également à l’écoute de la danseuse puisque c’est elle qui “mène la danse”, tout autant que le chef d’orchestre donnant certains départs. Ils sont aussi une présence vitale et charnelle pour cette chorégraphie sur une musique vivante et non pas pré-enregistrée. 

Participent également à ce projet les étudiants chanteurs du Pont Supérieur issus de la classe de chant lyrique de Stéphanie d’Oustrac et d’Olga Pitarch. Les huit chanteurs lyriques abordent dans leur cursus différents styles et différentes esthétiques musicales mais sans être spécialisés en chant baroque. Pendant ces trois jours, ils reconnaissent avoir beaucoup de chance de travailler avec Damien Guillon et ses musiciens mais aussi de découvrir l’univers de la danse, et des liens possibles entre ces deux arts. 

Attentifs aux gestes du chef d’orchestre et de la danseuse, précis dans leurs interventions, ils mettent en évidence les inflexions du texte et de la phrase musicale pour la rendre expressive et compréhensive. L’ensemble a également un horizon de travail et d’amélioration tout tracé, qui consistera à renforcer l’homogénéité, notamment des graves. 

Flavien Maleval, jeune ténor à la voix déjà bien timbrée et soucieux de la prononciation de la langue allemande, reconnaît avoir été au début effrayé mais grâce à la bienveillance de Damien Guillon qui lui a ouvert les portes d’un vrai travail stylistique, il a découvert « la joie de la musique baroque que l’on peut trouver austère au premier abord ».

Tout comme Sarah Rodriguez, soprano au timbre clair et lumineux où se perçoit déjà une certaine aisance des ornements (notamment grâce à sa formation au Centre de Musique Baroque de Versailles) qui trouve rassurant de travailler avec Damien Guillon : « Il a beaucoup d’humanité » confirme-t-elle.

Pour parfaire cette résidence, ce sont quatre étudiants de l’ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle) qui réalisent la captation de cette restitution sous forme de filage et non de concert.”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE THOMAS HAHN PARU LE 18/01/20 SUR LE SITE DANSERCANALHISTORIQUE

Festival Trajectoires : Libertés chorégraphiques à Nantes

Au musée, avec Bach et Barreau

“C’est une belle histoire de liberté(s) aussi que de pouvoir faire surgir la danse contemporaine dans les salles d’un musée d’art. Celui de Nantes, magnifiquement restauré et rouvert en 2017 après six ans de travaux, a accueilli plusieurs solos présentés en résonance avec les tableaux et sculptures des collections permanentes. La danse de Marion David dans Cantates / 1, une chorégraphie de Louis Barreau sur la Cantate Nun komm, der Heiden Heiland est pourtant très mesurée. Avant que la danseuse arpente la salle, passant quelquefois entre deux sculptures du 19esiècle (Alfred Jacquemart, Jean-Léon Gérôme), elle arpente le sol, au sens concret, en compagnie du chorégraphe, fixant quelques repères à partir d’un point central. 

Épure, rigueur et sentiments, comme pour croiser la joie de la danse baroque avec la précision d’une Anne Teresa De Keersmaeker. Ce qui se joue là est tout un bal, dansé par une seule personne, où parfois un partenaire invisible semble la rejoindre. Une danse avec l’art, en somme. Louis Barreau la proposera pour des lieux chargés d’histoire mais aussi pour la scène, et construira une série de Cantates. Celle-ci, la première, a donc été inaugurée avec succès et avec elle le projet entier, dans le cadre de Trajectoires 2020. Un beau vernissage chorégraphique, où le geste de l’interprète relie l’ici-et-maintenant aux strates du temps qui nous ont précédé et nous ont laissé tant d’œuvres. Pour Barreau, la rigueur formelle de cette danse ouvre « des portes et des fenêtres qui n’auront comme intérêt final que de nous accompagner, avec le spectateur, vers davantage de liberté et de détachement. “


À PROPOS DE MONTAGNE DORÉE (2019)

• ARTICLE DE GENEVIÈVE CHARRAS PARU LE 11/02/19 SUR LE SITE DE GENEVIÈVE CHARRAS

« MONTAGNE DORÉE » de Louis Barreau : Bach et Terpsichore en baskets !

L’échapée belle !
Avec Félix Dalban-Moreynas (piano), Marion David et Thomas Regnier

« Deux danseurs tentent d’entrer en harmonie profonde avec les Variations Goldberg de J.S. Bach. Peu à peu, les corps à l’unisson s’allègent, s’émancipent de leurs affects, tentent de n’être plus que mouvements, formes et sensations. Propulsés en position d’observateurs de leurs propres émotions, les danseurs et le pianiste atteignent une qualité de lien qui les fait entrer dans une autre temporalité, celle d’un instant présent constamment renouvelé. Assis devant un paysage de gestes qui se fond dans l’architecture de la musique, chaque spectateur est invité à vivre par procuration cette expérience sensible, comme une ascension en trente variations. »

Que le jeu demeure !
C’est avec nonchalance et décontraction que démarre le duo homme-femme tout de blanc vêtus, baskets blanches aux pieds Virevoltes, roulades au sol, petits sauts piqués, relâchés, l’envolée commence, légère, futile, aérienne. Les directions bien engagées, versatiles, le haut et le bas inversé, quelques accélérés, bras tendus… C’est radieux et très « cunningham », droit ou les axes en péril, bras en arceau…Le duo progresse en intensité, déploie sa danse en spirale, enroulés, ralentis et contacts au sol, comme une balade, sautillante, joviale, lumineuse. Les éclairages varient d’une intime combine à de beaux pleins feux, maniés de main de maître par Françoise Michèle aux consoles !
Des variantes ludique égrènent les déplacements, très écrits et calculés, ramassés ou éclatés comme des atomes ou électrons libres. La musique live délire toutes ses savantes avancées, très maîtrisées, basse danse, précieuse et quasi baroque, perle rare et « racée », sophistiquée à l’envi. Moults phases diversifiées nourrissent le propos chorégraphique qui avance, jubilatoire : parfois de l’imperceptible, de petit bougé dans l’immobilité feinte ravivent l’écriture, syntaxe acrobatique sur les notes voltigeantes de Bach. Danser Bach est chose noble et fertile , savante et périlleuse, mais ici la performance des danseurs, plus d’une heure durant ne lasse pas et les contrepoints, croches et virtuosité musicale ne font qu’un !
Vivace et relevée, la danse s’empare de la musique pianistique en proximité salvatrice pour épouser la musicalité des corps dansant, franchissant les rives et dérives de Bach dans toute clarté et allégresse.
La danse transporte les sons, les dépose ou les emmène loin, très loin.
Le temps d’une pause, à l’écoute, allongés au sol les danseurs cessent de vibrer, puis reprennent avec allant, les transports amoureux de ses notes célestes.
Des échanges plus dynamiques se propagent entre les deux danseurs, souriants, généreux, haletants, respirant d’un souffle commun ces variations audacieuses. En miroir, en décalé ou à l’unisson, complices, ils se relèvent, gestes tranchés, en petits tours rapides, pieds flexs…Tout un vocabulaire ou abécédaire connu mais recomposé avec astuce et pertinence. Etirements, glissés, alors que les éclairages variables et sensibles magnifient et sculptent les corps mouvants.
Une partition chorégraphique, composition musicale stricte et volage à la fois, illumine tracés et déplacements. Des axes oscillants pour démarquer une certaine rigidité axiale. Le plexus solaire irradiant le tout, offert au regard et au rythme de la danse !
Penchés, renversés, tordus ou gracieusement projetés dans l’espace, les mouvements jaillissent comme la musique et Bach de se réjouir d’avoir trouvé complices à sa mesure sans fausse note ni fugue !”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE THOMAS HAHN PARU LE 06/01/19 SUR LE SITE DE ARTISTIKREZO.COM

Faits d’Hiver : La danse sans limites (d’âge)

Variations Goldberg
“L’idée d’éclats chorégraphiques harmonieusement reliés porte aussi l’ascension de la Montagne Dorée de Louis Barreau, jeune chorégraphe qui suit, dans ce duo, le fil des Variations Goldberg de Bach : trente danses formant un « paysage de gestes ».”


À PROPOS DE BOLERO BOLERO BOLERO pour 1 performeur (2016)

• ARTICLE DE FANNY BRANCOURT PARU LE 12/10/17 SUR LE SITE THE ARTCHEMISTS – GENERATEUR D’ETINCELLES CULTURELLES

LES PLATEAUX DE LA BRIQUETERIE 2017 : BOLERO BOLERO BOLERO POUR 1 PERFORMEUR… LA RÉPÉTITION, CETTE FORCE INCOMMENSURABLE 

“Vendredi ensoleillé – parvis de la Briqueterie : Les Plateaux battent leur plein tandis que Louis Barreau s’apprête à danser son boléro. BOLERO BOLERO BOLERO pour 1 performeur, est la version de ce chorégraphe, danseur et musicien formé au conservatoire de La Roche-sur-Yon. L’écriture chorégraphique de Louis Barreau émane avant toute chose de l’ostinato rythmique de la partition du Boléro de Ravel. Pendant près de 20 minutes, il va ainsi décliner sa phrase chorégraphique. A l’horizontale ou à la verticale, cette dernière s’inscrit et se développe dans l’espace avec une intensité grandissante. La composition de Ravel est tellement puissante que s’y confronter relève du défi. Louis Barreau nous propose donc une partition dansée s’appuyant parfaitement sur la musique et qu’il déplace de manière minutieuse, la faisant spiraler. La phrase chorégraphique répétée, accumulée, déplacée crée ainsi une figure fractale. Ce n’est alors plus le corps qui se meut mais la musique qui meut le corps et le transporte d’un espace à l’autre, d’une hauteur à une autre jusqu’à l’ultime ascension musicale.

BOLERO BOLERO BOLERO pour 1 performeur par l’ostinato rythmique sur lequel il s’appuie, déclenche rapidement différentes sensations, de puissance bien sûr, de révolte, d’acharnement, de combat, comme si la répétition donnait une force incommensurable. Ici, la force musicale prend toute la place. La danse de Louis Barreau est fluide et l’apparente tranquillité se transforme au fur et à mesure du morceau. Mais il ne se dégage rien de ce duo qu’il tisse avec le morceau de Ravel. Le visage laisse transparaître la physicalité que l’écriture chorégraphie et la présence à la musique demandent, mais pas plus que cela. Il n’est pas ici question d’incarnation. On se laisse porter par cette danse à la couleur pastel (et ce malgré les pantalons et tee-shirt jaunes du danseur) sans autre intention. Une danse sans événement. Un visage sans événement. Une partition qui accompagne une autre partition, tout simplement.”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE MARIE PONS PARU LE 18/10/17 SUR LE SITE C’EST COMME CA QU’ON DANSE

UNE JOURNÉE AUX PLATEAUX DE LA BRIQUETERIE, PLATEFORME DANSE INTERNATIONALE

“Dans un costume coordonné jaune d’œuf, Louis Barreau entame en solo sa version du Boléro sur le parvis extérieur de la Briqueterie. Il s’engage doucement dans un déploiement du geste progressif, révèle par séquences répétées et déclinées les mouvements essentiels de cette œuvre majeure qui s’en trouve ici comme dégraissée jusqu’à l’os. C’est un Boléro par le moins, comme une ritournelle en construction dont les motifs se déplient à chaque mesure.
Formé en tant que chorégraphe, danseur et musicien le jeune Louis Barreau signe ici son premier solo. Le titre sonne comme une rengaine, comme s’il avait prévu le coup, encore un boléro ?! Il prend alors le parti d’aller vers le moindre régime, d’aller contre l’idée de climax obligatoire lorsque l’on s’attend à une relecture de la pièce sur la partition implacable de Ravel. Jusqu’à sauter sur place sans emphase lors du grand final, dans un mouvement singulier.”

• EXTRAIT DE L’ARTICLE DE GÉRARD MAYEN PARU EN 2016 SUR LE SITE DANSER CANAL HISTORIQUE

LES CHORÉGRAPHES SOUTENUS PAR LES PETITES SCÈNES OUVERTES

“Le Boléro mentionné en titre est bien celui de Ravel. On en sait la puissance référentielle, qui ne peut que capturer le mental du spectateur d’une pièce de danse qui convoque ce hit classique.
Louis Barreau se montre extrêmement savant pour développer une partition gestuelles évolutive et raffinée, au fil de la musique. Il en découle une pièce de folle élégance, parfaite sous tout rapport, miracle de netteté, de modulation et de conscience rythmique.”

Les photographies de cette page ont été prises par : Louis Barreau, Emily Bonnet, Marion David, Roger Fusciardi, Alexis Komenda, Thibaut Montamat/Didier Olivré.